LOGISTIQUE INTERNATIONALE UN DEBUT D'ANNEE MOUVEMENTE

 

20% de la flotte mondiale en attente au large des plus grands ports du monde à ce jour. Une congestion portuaire qui ne désemplit pas. Alors qu’en début d’année, les diverses analyses prédisaient une décongestion pour la fin du 1er semestre, aujourd’hui on compte attendre 2023 pour espérer un début de retour à la normale. Les facteurs que l’on connait bien aujourd’hui, crise sanitaire, confinements en Chine et conflit russo-ukrainien, continuent d’exacerber les tensions de la supply chain internationale.

POLITIQUE ZERO COVID EN CHINE

Les compagnies aussi bien aériennes que maritimes subissent la politique « Zéro Covid » pratiquée par la Chine. Après avoir confiné temporairement la grande ville de Shenzhen, c’est Shanghai qui est restée sous cloche pendant deux mois. La réouverture des commerces de cette ville se fait progressivement depuis le 16 mai 2022. Pékin reste, quant à elle, sous surveillance accrue avec des restrictions de plus en plus strictes appliquées.

Considérée comme l’usine du monde, ces confinements ont un impact considérable sur les chaînes d’approvisionnement. Les usines, soit à l’arrêt soit au ralenti, ne tiennent plus les cadences de production. Des retards qui se répercutent dans la livraison finale.

En outre, les terminaux des plus grands ports chinois également au ralenti, enregistrent une baisse des volumes de marchandises transitées. Sur le mois d’avril, les volumes de marchandises auraient baissé de 15%. Et ce, malgré un nombre important de navires en attente de chargement et déchargement au large des ports.

UNE CONGESTION PORTUAIRE MONDIALE

Face à la congestion actuelle, situation qui dure et s’installe dans le temps, les compagnies maritimes tentent toujours de limiter l’allongement des délais de livraison. Le recours au blanck-sailing et le changement de routing des navires vers des ports voisins deviennent monnaie courante. Malgré tout l’attente au large des ports peut être longue. En avril, on estimait en moyenne à 25 jours le temps d’attente d’un navire au large du port Long-Beach avant de pouvoir escaler.

A noter que de nombreux ports sur les différents continents sont engorgés : les côtes Est et Ouest des USA sont toutes deux congestionnées, tout comme l’Europe du Nord, et la majorité des ports d’Amérique latine impose désormais un temps d’attente aux navires de plus de 10 jours.

En Europe du Nord, les ports d’Anvers, de Rotterdam, de Hambourg et même Le Havre souffrent de la congestion.
Le port français a vu ses volumes export fortement augmenter en ce début d’année, mais aussi une progression du nombre de transbordements de conteneurs européens (alors qu’Anvers était jusqu’à présent privilégié). La prise de rendez-vous des chauffeurs routiers pour chargement et déchargement est toujours de mise (voir notre article La Situation au Port du Havre).

CONFLIT RUSSO-UKRAINIEN

Le conflit russo-ukrainien, qui a entrainé une scission entre Russie et occidentaux au travers de nombreuses sanctions appliquées mutuellement, accentue un dérèglement mondial mais également des incertitudes.
Certaines compagnies maritimes évitent désormais la Russie. Hormis pour produits humanitaires ou médicaux, les porte-conteneurs n’escalent plus en Russie et les armateurs ont dû revoir leurs routes maritimes au même titre que les compagnies aériennes ont dû réviser leurs plans de vols.

QUELLES PERSPECTIVES ?

Les experts sont nombreux à annoncer un retour à la hausse générale lorsque les restrictions sanitaires en Chine seront assouplies : augmentation des volumes transités, de la demande occidentale et des taux de fret.

L’augmentation générale du coût des matières premières, et notamment du carburant, conséquence directe de la guerre russo-ukrainienne, se répercutent explicitement sur les tarifs des expéditions, que ce soit maritimes, aériennes ou routières (voir notre article Envolée des prix du carburant).

L’évolution de ce conflit et des sanctions en chaîne étant imprévisibles, les incertitudes sur l’évolution économique mondiale le sont tout autant. La logistique internationale étant directement corrélée aux perspectives économiques des grands pays importateurs et exportateurs, le retour à un fonctionnement fluide à moyen terme est difficile à prévoir.

 

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